PLAY THEORY PARK – Abigarramiento – Tin Ayala & Tanguy Pitavy en résidence à la chambre des méthodes, du 1er au 13 avril 2024

Abigarramiento1, c’est le mot qu’emploie la philosophe bolivienne Silvia Rivera Cusicanqui pour décrire la superposition de cultures dans les Andes. On pourrait dire en français “embigarrement” (de bigarré) ou “embariolement” (de bariolé). Embigarrement des cultures, hétérogénéité des influences, complexité et diversité du réel qui échappent à une analyse unidimensionnelle, l’abigarramiento est une façon de “penser la diversité conflictive et contradictoire produite par le colonialisme”2

Notre recherche porte sur la compréhension de l’abigarramiento par une production plastique éclatante de rires et de lumières : le vertige d’un manège, l’excitation de la tombola, la concentration d’un jeu de tir ou les éclats de couleurs d’une grande fresque. Les idées et recherches sont matérialisées par la création d’une fête foraine. 

Play Theory Park nous permet d’imaginer à quoi ressemblerait un design “prathéorique” (pratique de la théorie), dans lequel le savoir formulé par des théoriciens est utilisé comme un outil de production de formes ludiques. 

Le résultat est un décor bigarré, une fiesta d’idées, à l’image des pensées qui se combinent et des cultures qui se mélangent. Comme les rhizomes de Deleuze et Guattari à partir  desquels il est impossible de déterminer qui est à l’origine de quoi.

Résidence in-situ du 1er avril au 13 avril 2024

Vendredi 5 Avril: Présentation du processus de recherche + atelier Crazy-Carousel.

Jeudi 11 Avril: Ouverture PLAY THEORY PARK + Session d’écoute Silvia Rivera Cusicanqui Sound System

Vendredi 12 Avril: Tombola du Bigarré + F*cking Rhizome Party

1 Silvia Rivera Cusicanqui, Un mundo Ch’ixi Es Posible.
2 Luis Tapia (2006), “La producción teórica para pensar América Latina”

Tin:
Andinx, Mestizx et Cholx, Tin Ayala examine les réponses post-coloniales andines; se basant sur le Cholo (mot d’origine Quechua utilisée pendant la colonie pour categoriser les descendantes d’indigene et español) comme identité frontaliere capable de resignifier les notions coloniales de race. Son travail est pensé comme un collage scénographique bigarré qui intègre des images précoloniales, des représentations contemporaines, des symboles indigènes et des personnages de culture pop. Parallèlement, Iel mène des actions directes en collaboration avec des collectifs locaux dans les Andes autour de l’identité Cholx.
Tin est née en 1998 dans les Andes, en territoire actuellement occupé par le gouvernement de l’Equateur. Iel a fait ses études à l’Ecole Supérieure d’Art de Saint-Etienne, France puis à la Escola Massana à Barcelone, Espagne et au département Geo-Design á la Design Academy Eindhoven, Pay-Bas. Iel participe activement dans le collectif El Alto Aesthetics basée à La Paz, Bolivie. Son travail a été récemment présenté à la Dutch Design Week (Eindhoven), au festival latinoamericain de performance Performacula (Berlin), et à la 15éme édition de VideoClub (Berlin).

Tanguy: 
Artiste polyvalent mêlant diverses disciplines, je porte des projets qui posent une réflexion sur d’autre organisation possible de la société, non-exploitatrice et respectueuse du vivant. Ces projets sont souvent construits autour de récits, d’histoires mêlées à des apports théoriques et politiques radicaux.
Mes projets sont toujours contextualisés et intègrent des gens dans le processus, que ce soit pour imaginer, jouer, comprendre, fabriquer, écrire, ou raconter. Je pense que le chemin est plus important que la destination, et que donc l’impact social de mes projets se trouve d’abord dans ce processus.
Je m’intéresse à la manière dont la fiction renouvelle et décale nos regards sur le monde, sur nos relations aux autres. Je m’inspire par exemple de l’œuvre de Jacques Rancière (Le spectateur émancipé, 2008), ou de Jorge Luis Borges (Ficciones, « Tlön, «Uqbar, Orbis Tertius»).
Mes interventions et mise en scène utilisent l’écriture et le dessin, ainsi que des objets et des dispositifs que je fabrique. Mes objets sont essentiellement faits de matériaux ramassés ou récupérés. J’organise également des ateliers, des interventions et des représentations autour de mes projets.
Je désire façonner des narrations visuelles et conceptuelles percutantes, interrogeant nos rapports sociaux et nos relations avec le vivant.