En octobre 2022, Alexandre Beltran, sur les conseils de Stéphane Le Mercier, découvre et
photographie Pompeia, architecture monumentale de Lina Bo Bardi réalisée à Sao Paulo, en 1982,
accueillant encore aujourd’hui des activités culturelles et sportives.
De retour en France, ses photographies imprimées sur transparent, projetées grâce à un
rétroprojecteur, font l’objet de trois séances de travail d’où émerge une centaine de dessins. Réalisés
au crayon feutre sur des feuilles de passe, produits de manipulations rapides, ces dessins ne
s’engagent pas sur la voie documentaire ; à force de superposition le motif séminal y est, de toutes
façons, difficilement reconnaissable. Il s’agit plutôt de porter à un certain degré d’échauffement
l’énergie de Lina Bo Bardi, de faire émerger grâce à la transparence des clichés, de leur
superposition, une hyperarchitecture composée de surfaces géométriques, de lignes brisées, de
ponctuations nerveuses auxquelles s’adjoignent des motifs flous, d’ordre végétal. Autre brouillage,
il est difficile de deviner la paternité des dessins. Par là, Pompeia renoue avec les techniques de
l’écriture automatique et du cadavre exquis – techniques libératrices s’il en est – et par voie de
conséquence, avec le surréalisme dont on fête, cette année, le centième anniversaire du Premier
Manifeste. Notons que l’esprit surréaliste s’est, dès 1929, répandu au Brésil, grâce à une revue au
titre définitif, La Revista De Antropofagia, et à son rédacteur, Oswald de Andrade, puis grâce à
l’installation, la même année, du poète Benjamin Péret et son épouse brésilienne, la cantatrice, Elsie
Houston. Brève installation, puisque moins de deux plus tard, le fidèle d’André Breton sera prié de
quitter le pays, les forces politiques locales appréciant peu son attachement au communisme.
Alexandre Beltran, artiste, photographe, est né en 1998 à Brasilia. En 2022, il obtient son Dnsep à
l’École Supérieure d’Art et Design Saint-Étienne, au sein de la mention Espaces où Stéphane Le
Mercier (1964), artiste, enseigne la sculpture sociale, ses relations avec l’espace public.
Lina Bo Bardi (1914-1992) est une architecte italienne naturalisée brésilienne. Son oeuvre se
concentre de pair sur l’évidence formelle du brutalisme et sur les organisations sociales et
culturelles de la vie quotidienne, l’inventivité des groupes populaires de son pays d’adoption.